Oppenheimer, 2023, d’après American Prometheus de Kai Bird et Martin J Sherwin, scénario et réalisation Christopher Nolan.
Une expérience émotionnelle peut être créé en mettant l’outil poétique-lyrique en cohésion (facteur) avec des notions abstraites de l’intrigue.
Le film de Christopher Nolan sur le « père de la bombe atomique » est parsemé de plans brefs montrant des taches de couleurs, des formes géométriques, des nuées incandescentes, accompagnés de sons stridents, assourdissants.
Certains de ces plans peuvent suggérer une explosion ou les éléments d’un atome, la plupart ne sont pas reconnaissables. Le sentiment qu’ils provoquent est celui d’un danger imminent, l’appréhension d’un phénomène violent, puissant, incontrôlable, incompréhensible.
A travers ces images et ces sons non narratifs, non descriptifs, non argumentatifs – et qui n’apportent aucune information nécessaire à la compréhension de l’intrigue – l’agent narrateur utilise un discours lyrique pour incarner des notions purement théoriques, complexes et difficilement abordables pour les non-physiciens.
La cohésion qui lie ce discours poétique-lyrique et la narration de l’intrigue est constituées d’effets visuels et sonores représentant les concepts abstraits de la physique atomique sous une forme visible.
Ces séquences « impressionnistes » dévoilent le mystère de l’atome et leur violence d’expression concrétisent le pouvoir potentiellement dévastateur d’un phénomène naturel que les savants du film ne donnent pas l’impression de maîtriser totalement…
Elles nous font ressentir l’inquiétude des personnages avant que les effets de la bombe se concrétisent lors des essais et des bombardements au Japon et nourrissent leur sentiment de culpabilité.
Les scientifiques de Los Alamos savaient théoriquement ce qu’ils faisaient, avant même que leurs calculs empiriques soient confirmés par les premiers tests.
Le discours poétique-lyrique est un moyen de faire ressentir des émotions provoquées par l’intangible.