The Man with the Golden Arm, 1955, d’après un roman de Nelson Agren, scénario de Walter Newman, Ben Hecht, réalisation Otto Preminger.
Les valeurs du monde du protagoniste peuvent entrer en contradiction (facteur cohésion) avec celles du monde de l’intrigue.
Frankie Machine revient d’une cure de désintoxication avec le désir de réaliser un rêve (devenir musicien de jazz, l’objectif explicite) et de ne plus succomber à la tentation de la drogue.
Le monde de l’intrigue est donné par son objectif : le milieu des musiciens professionnels de jazz dans le Chicago des années cinquante.
Or, à part deux scènes localisées dans ce monde (chez l’imprésario et dans un studio d’enregistrement) et cinq conversations en rapport avec ce sujet (la veste de scène, deux appels téléphoniques, la carte du syndicat, une séance de répétition) toutes les autres scènes concernent le monde de Frankie, ses rapports aux personnages de ce monde ou sa psyché.
Le désir ardent de Frankie de se lancer dans ce nouveau métier se heurte de manière systématique aux conditions dictées par son milieu : il est arrêté par la police pour possession d’un costume volé par son ami dans un grand magasin, son ancien fournisseur de drogue le harcèle, il est contraint de participer à une partie de poker truquée, sa femme le culpabilise, il ne parvient pas à tourner la page de sa relation avec sa maîtresse, une hôtesse de cabaret, et sa toxicomanie reprend le dessus…
Clairement, la source principale des obstacles qui se dressent entre le protagoniste et son objectif principal se trouve dans sa propre vie. L’agent narrateur se fixe sur cette portion de l’histoire de Frankie Machine : l’erreur qu’il commet de revenir dans son quartier. Elle se termine par sa décision de quitter ce milieu et la fin de sa dépendance à la drogue, de l’influence néfaste de sa femme et des dangers liés à son gagne-pain illicite), conditions indispensables à la poursuite de son rêve.
Ce héros tragique croit pouvoir échapper à son destin, c’est son illusion qui nous émeut. Frankie Machine nous rappelle que nous sommes souvent les principaux artisan∙e∙s de notre chute…