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Facteur cohésion

Il y a cohésion lorsque les effets et l’interprétation du sens de l’emploi d’un outil* ou d’un objet narratif* dépendent de l’emploi d’un ou plusieurs autres outil(s) ou objet(s).

Ce facteur crée un lien logique et signifiant qui conglomère les composants d’un récit.

*Objets = mot, phrase, paragraphe, chapitre, séquence, scène, acte, image, plan, lumière, son, espace, couleur, volume…

*Outils = Evènements, « caractérisation », mondes, points de vue, « focalisations », conventions de genre, temps de l’agent narrateur, action verbale, fins.

Exemples d'utilisation du facteur Cohésion assurant une fonction*narrative spécifique:

* Cet outil narratif (comparons-le à un marteau) utilisé dans certaines conditions (précision et force pour le marteau), permet d’obtenir certains résultats pratiques (planter un clou pour accrocher un tableau). Mais ce résultat est généralement au service d’une finalité plus significative (décorer, séduire un public, afficher des opinions, etc.) que nous appelons sur ce site fonction narrative.

Cohésion

Pacte d’adhésion

Pouvoir se projeter dans des possibilités imaginaires ou réelles.

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Cohésion

Expérience cognitive

Améliorer notre compréhension du monde et de nous-mêmes.

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Cohésion

Expérience émotionnelle

Eprouver et partager toutes sortes d’émotions.

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Points clés:

  • Le facteur cohésion peut s’appliquer à deux types d’outils ou d’objets narratifs :

1. Aux outils indispensables à la compréhension de l’intrigue. Ce sont les protagonistes, personnages, évènements et les situations menant directement à ces évènements (l’agent narrateur peut faire un choix cohérent d’obstacles).

2. Aux outils et objets indispensables à la compréhension des intentions de l’agent narrateur et des finalités du récit (scènes, arguments, commentaires, points de vue, éléments stylistiques)

Les éléments accessoires ne sont pas indispensables à la compréhension de l’intrigue (incohésion), mais participent (idéalement) à celle du récit

Tout outil ou objet narratif est éligible, y compris des nœuds narratifs inutiles à la compréhension de l’intrigue. On les appelle parfois « détail anecdotique », « élément parasite », « fioriture », « envolée lyrique ou stylistique », « jeu langagier », « belle image », etc.

Les éléments accessoires donnent l’opportunité à l’agent narrateur de donner libre cours à sa subjectivité, de contourner la « tyrannie » de l’intrigue, de transgresser les conventions narratives, d’échapper à la signifiance.

  • La cohésion, ou son absence peuvent faire partie d’une stratégie narrative

Le choix de la cohésion ou de l’incohésion (éléments accessoires, altérité) peut constituer une facette importante de la stratégie de l’agent narrateur pour renforcer un point de vue (support rhétorique), établir une hiérarchie d’événements, communiquer une atmosphère ou renforcer l’impact d’un récit.

La fonction des éléments accessoires peut être d’exprimer l’absurdité de leur inutilité. Ils sont légion dans les comédies pour lesquelles raconter une intrigue est moins important que de tirer pleinement parti de chaque situation comique.

L’introduction d’éléments accessoires dans un récit par un agent narrateur « non fiable » peut trahir la volonté de ce dernier de détourner notre attention des nœuds narratifs signifiants et pertinents.

  • L’ordre, une classification qui obéit à un ou plusieurs(s) critère(s), règle(s) ou convention(s), est une forme de cohésion. Il a (idéalement) une raison d’être

Dans un récit il régit le choix de ce qui vient en premier (objet A) et de ce qui vient après (objet B), que l’on peut aussi appeler montage.

L’ordre désigne également un rapport spécifique entre un objet et un ensemble (p. ex. « Les femmes et les enfants d’abord ! »).

Aucune règle ne prescrit ou ne proscrit l’emploi de l’ordre.

  • La cohésion peut devenir contre-productive

Trop de cohésion ou de liens « sursignifiants » peuvent entraîner une lourdeur didactique, l’impression que l’on a un peu trop mâché le travail de l’agent récepteur.

  • Utilisé comme gadget esthétique, le « désordre » est reconnaissable par son manque d’apport spécifique au récit (surprise, enjeux et risques, suspense, sous-texte, mystère, etc.)

Ou alors il est utilisé (le plus souvent par l’emploi de « flashback ») comme simple transmission d’informations nécessaire à la compréhension de l’intrigue.

  • A l’écrit, le présent (temps verbal) peut s’extraire temporairement de l’espace temporel des événements de l’intrigue en le commentant (présent de vérité générale)

« Et pendant ce temps, la terre tourne autour du soleil…»

  • Le cinéma et le théâtre nous donnent l’impression de la simultanéité (= critère de cohésion) des évènements de l’intrigue et de leur récit

Mais il ne s’agit que d’une impression, car tout récit « suit » toujours les évènements qu’il représente (parfois d’une fraction de seconde seulement, lorsque l’agent narrateur est un·e commentateur·rice témoin de faits se déroulant sous ses/nos yeux), ou précède les évènements du futur.

  • L’agent récepteur fait des suppositions sur l’ordre des parties

Dans le cas où le récit ne calque pas la ligne temporelle des situations, il convient de gérer la propension naturelle et instinctive de l’agent récepteur à « structurer » l’œuvre (en assurer la cohésion) en assumant qu’une scène suit la précédente et en est la conséquence.

  • Interprétation : Trois types d’agent récepteur, une seule cohésion

1. Une partie des agents récepteurs d’une œuvre s’approprie l’œuvre « corps et âme », la met en pièces, la reconstruit, l’adapte, la conforme à leur subjectivité, en fait leur affaire personnelle en voyant et entendant ce qu’eux et eux seuls entendent et voient.

2. D’autres récepteurs font passer l’œuvre au crible de leurs expertises spécifiques, « objectives » à leurs yeux (sciences humaines, théories politiques, littéraires, compétences particulières, etc.) et y voient des intentions que l’agent narrateur n’a jamais eues, voire même réfute a posteriori.

3. Le troisième groupe parvient à reconnaître et interpréter un énoncé spécifique, consciemment et intentionnellement transmis par l’agent narrateur. C’est cette matière que recouvre le terme « cohésion ».

  • Les montages « à se triturer les méninges » (mind-bending) nous incitent à réfléchir sur notre propre conception de la réalité

Il y a des structures qui ne prennent pas en compte (temporairement ou définitivement) ni la relation de cause à effet, ni l’ordre chronologique des faits et évènements rapportés, ni aucun des schémas structuraux pragmatiques (normes industrielles).

Pour une liste de critères de cohésions:

Facteur cohésion

Types de cohésion

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Pour aller plus loin sur la notion de Cohésion:
Cohésion

Pistes de réflexion et ressources

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Cohésion

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