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Facteur distanciation

Se distancer c’est prendre du recul par rapport à quelque chose, pour éventuellement tenter une autre approche.

Dans les arts narratifs, ce « quelque chose » est principalement l’intrigue, ses constituants, mais également des procédés de mise en récit et de représentation.

Exemples d'utilisation du facteur Distanciation assurant une fonction*narrative spécifique:

* Cet outil narratif (comparons-le à un marteau) utilisé dans certaines conditions (précision et force pour le marteau), permet d’obtenir certains résultats pratiques (planter un clou pour accrocher un tableau). Mais ce résultat est généralement au service d’une finalité plus significative (décorer, séduire un public, afficher des opinions, etc.) que nous appelons sur ce site fonction narrative.

Distanciation

Pacte d’adhésion

Pouvoir se projeter dans des possibilités imaginaires ou réelles.

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Distanciation

Expérience cognitive

Améliorer notre compréhension du monde et de nous-mêmes.

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Distanciation

Expérience émotionnelle

Eprouver et partager toutes sortes d’émotions.

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Points clés:

  • Un procédé en usage depuis la nuit des temps

Dans les œuvres théâtrales traditionnelles d’Asie (Iran, Indes, Thaïlande, Chine), la distanciation se manifeste principalement par des effets d’interprétation ironique de la part des acteur·rice·s et la chute du « quatrième mur ».

Théorisée par les formalistes russes du début du XXe siècle, cette technique est systématisée par Bertolt Brecht trente ans plus tard en Allemagne.

Son Verfremdungseffeckt (effet d’aliénation), appliqué au théâtre épique social, a pour objectif d’empêcher le public de tomber sous le charme du dispositif immersif du spectacle, de stopper son investissement émotionnel (empathie) envers les personnages et de l’inviter à se reporter sur son intellect pour analyser la réalité du monde et définir les moyens de le changer.

Le récit brechtien applique le facteur distanciation aux outils narratifs et dramaturgiques dans le but de sublimer l’expérience cognitive de son public.

  • La distanciation est souvent un facteur de «résistance» au réalisme

… mais il peut également viser d’autres notions comme le prévisible, l’imprévisible, les attentes, les conventions.

  • La distanciation ressentie par l’agent récepteur peut ne pas avoir été voulue par l’agent narrateur

Un effet de « distanciation » est l’un des symptômes présentés par un récit qui ne prend pas compte de la réalité du monde qu’il décrit, un agent narrateur aveugle à certains aspects de son histoire ou qui succombe au chant des sirènes de la facilité, des clichés éculés et autres indulgences mercantiles (sentimentalisme, manipulations diverses, superficialité, style sans substance, etc.)

  • La plus populaire des distanciations: le comique

La comédie a pour vocation de provoquer le rire. On distingue deux catégories de rire : la première est un réflexe naturel qui ne fait appel à aucune capacité affective et intellectuelle, la seconde est associée à un contenu implicite qui n’aurait pas pu être représenté en mode « sérieux » (du moins selon l’opinion de l’agent narrateur).

– Le premier rire, en tant que moyen de communication et d’expression sociale (le groupe se moque de l’individu hors norme et réaffirme ainsi son statut identitaire), est fortement tributaire des valeurs spécifiques de la société dont elle émane. C’est ce qui explique, par exemple, que de nombreux films de comédie, très gros succès commerciaux dans leurs pays de production, ne parviennent pas à susciter le même engouement dans d’autres pays.)

– Le second est produit par une distanciation comique au niveau de la narration, laquelle libère un non-dit et rend son expression « acceptable ». La distanciation nous éloigne un instant de la réalité pour nous permettre d’en saisir les composantes les plus souterraines (pieux mensonges, tabous, vérités « pénibles », émotions refoulées, « rire du pendu », etc.)

– La distanciation comique produit un rire révélateur de sens, alors que dans la comédie sociale le rire est un simple signe linguistique.

– La distanciation comique peut intervenir ponctuellement dans des œuvres appartenant à des genres non comiques (tragédie, drame psychologique, sociologique, romantique, etc.), des œuvres comiques (comédies sociales) ou des œuvres associant le registre comique au registre non comique, comme la « comédie dramatique ».

 

Registre sérieux Comédie
L’intrigue est constituée de faits et d’événements dont les conséquences sont potentiellement « graves » pour les protagonistes. Le récit « prend au sérieux » l’intrigue. La plupart de ses éléments n’a pas pour effet de faire rire le lecteur, le spectateur ou l’auditeur. Les protagonistes sont des personnages multidimensionnels. Le récit vise à nous faire rire. Les conséquences des faits et des événements de l’intrigue sont anodines. Les situations priment sur le monde intérieur des personnages. Les protagonistes sont des personnages bi-dimensionnels.
En français, il n’y pas de terme propre pour désigner les œuvres du registre « sérieux » comme en anglais : « drama ». Dans le langage courant, un « drame » désigne une pièce de théâtre. Le registre comique recouvre une large gamme de degrés humoristiques et de ton : fable, comédie de mœurs, vaudeville, Commedia dell Arte, farce, satire, pastiche, etc.

La comédie dramatique

C’est une œuvre dont l’intrigue est « prise au sérieux » mais dont la singularité du protagoniste et/ou d’autres personnages dévient par rapport aux normes reçues de la vie sociale (excentricité), attire notre attention et nous amuse. La « comédie dramatique » est le genre qui traite de la place d’un ou plusieurs individus dans le groupe social.

Pour aller plus loin sur la notion de Distanciation:
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Pistes de réflexion et ressources

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