Sélectionner une page

Les trois fonctions principales d’un récit

1. Donner accès à des possibles imaginaires ou des mondes réels

Se prêter au jeu de l’immersion dans un monde, un imaginaire qui n’est pas le sien* implique un investissement personnel conséquent de la part d’un agent récepteur (lecteur·rice, spectateur·rice, auditeur·rice, personnage du récit).

Il·elle doit :

… acquérir les moyens pour accéder à cette œuvre. Par ex. : se déplacer pour pouvoir la consulter, investir une somme d’argent, parfois aveuglément, libérer du temps, etc.

… faire l’effort de se déconnecter de la réalité qui l’entoure au moment de la réception de l’œuvre.

… accepter d’être projeté dans un autre système de références, parfois à des années lumières de ses propres valeurs et compétences.

… prêter un certain crédit à une instance narrative même si cette « personne » est un·e parfait·e inconnu·e.

… accepter d’ouvrir son imagination à d’autres sensibilités avant de pouvoir libérer la sienne.

Nous proposons l’hypothèse que cet investissement est possible lorsque toutes les clauses d’un pacte d’adhésion tacite entre l’agent narrateur et l’agent récepteur sont respectées (ou délibérément remis en question par l’agent narrateur).

Fonction narrative

Pacte d’adhésion

A

* Il paraît plus prudent de considérer a priori tous les récits comme des produits de l’imagination…

2. Donner accès à des émotions

Une œuvre narrative est un catalyseur émotionnel et une source de modèles affectifs utiles à notre travail d’assimilation de notre propre identité et de celle des autres. Son style est source d’une émotion particulière : le plaisir esthétique.

Cet échange affectif peut ne pas avoir lieu, ou de manière superficielle. Dans ce cas le public se sent déconnecté du récit, distant, rejeté même par ce dernier. Mais l’impassibilité peut être une stratégie cohérente.

 Fonction narrative

Expérience émotionnelle

A

3. Donner accès à un savoir

Même s’il·elle n’est pas toujours enclin·e à l’admettre ouvertement, le désir de découvrir la vérité, et d’en comprendre les liens avec sa réalité, est l’une des quêtes spontanées du·de la récepteur·rice de récits factuels ou fictionnels.

L’être humain est depuis son plus jeune âge intrigué par les mécanismes, les processus et autres mystères opératoires. La compréhension des causes, des effets, et des fonctionnements constitue une source de sécurité existentielle, de satisfaction intellectuelle et de renforcement de l’amour propre.

Ce processus de traitement de l’information par le public est possible si l’agent narrateur décrit habilement ce qui doit être compris, explique pourquoi il faut s’y intéresser et fournit les moyens nécessaires à cette compréhension. Mais il·elle peut aussi décider d’empêcher l’agent récepteur de (trop) réfléchir…

Fonction narrative

Expérience cognitive

A