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La fonction* pacte d’adhésion

Une œuvre narrative se conforme, ou non, à de nombreuses conventions et contraintes (langage, conditions de réception, lois de genre, etc.) Nous nous intéressons ici à un contrat de confiance entre l’agent narrateur et son public (le pacte d’adhésion) qui me paraît avoir la préséance sur tous les autres arrangements explicites ou non.

 

Les termes de ce pacte peuvent être résumés ainsi :

– L’agent récepteur est dans un premier temps disposé·e à croire l’agent narrateur, ceci malgré son rôle « fictionnalisant » (un récit actualise les évènements, mais les rend aussi potentiellement inexactes).

– Le public accepte la vraisemblance de faits fictionnels si ceux-ci sont compatibles avec la réalité du monde de l’intrigue : la « diégétisation ».

– L’agent narrateur s’engage à entretenir la croyance de son public en rendant possible, logique et rationnel le monde de l’intrigue. Cette clause s’applique également aux récits factuels, dont la fonction est souvent la recherche de la vérité.

– L’agent narrateur assume la responsabilité des intentions sous-jacentes de la mise en récit, du sens explicite ou implicite qui en découle (« fond », « message », etc.) et de leur modalité de transmission au destinataire dudit récit (« forme », style, etc.) : La « narrativisation ».

– Pour certaines œuvres (cinéma, TV, théâtre) le public désire oublier que « quelqu’un » choisit l’emplacement et les mouvements de la caméra, les divers effets visuels et sonores, les points de vue d’interprétation, et les coupes du montage. Le·la metteur·se en scène, acteur·rice, monteur·se, etc. accepte, de bon ou de mauvais gré, de s’effacer, c’est-à-dire de rendre ses interventions le plus transparentes possible. Il·n’en demeure pas moins qu’ils sont tous des agents narrateurs de l’œuvre.

 

La rupture de ce pacte peut entraîner le rejet (la désadhésion) du·de l’agent récepteur et l’abandon de son investissement personnel. Plus concrètement c’est un livre qui « tombe des mains », un·e spectateur·rice qui quitte la salle ou change de chaîne, un personnage qui croit qu’on lui « raconte des histoires »…

Quels facteurs* sont appliqués aux outils narratifs pour garantir les termes du pacte ?

Deux raisons principales peuvent nous inciter à nous désadhérer à une œuvre narrative :

– L’agent narrateur « ne sait pas de quoi il·elle parle. »

– L’agent narrateur « ne sait pas raconter » (les outils narratifs ne sont pas ou mal utilisés selon les normes esthétiques dominantes).

Facteur compétence

A

L’agent narrateur peut nous convaincre de croire au monde du récit à la condition que nous soyons en mesure de comprendre la logique de la relation cause effet de la réalité de l’histoire (à l’exception de mondes spécifiquement illogiques et surréalistes).

Facteur vraisemblance

A

Si le récit ne fait pas ce qu’il annonce, explicitement ou implicitement, qu’il va faire, alors le pacte est rompu. Exemples : une comédie annoncée comme telle qui ne fait pas rire, un « article de fond » qui reste à la surface des faits, une « révélation » qui ne nous apprend rien de nouveau, etc.

Facteur intentionnalité

A

Un récit, bien que formellement parfait, peut échouer à gagner notre complicité si l’agent narrateur ne s’engage pas à un niveau personnel.

Facteur sincérité

A

Pour aller plus loin sur la question de la fonction pacte d’adhésion:

Fonction adhésion

Pistes de réflexion
et ressources

A

Fonction adhésion

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