Vous désirez apporter votre contribution aux arts narratifs en créant une œuvre personnelle sous la forme d’un roman, d’un scénario, d’une pièce de théâtre, d’une bande dessinée, d’une image fixe, d’une œuvre plastique…

Le dictionnaire nous dit que la créativité c’est quand…

… on produit quelque chose de nouveau,

… qui nous surprend (à des degrés divers d’émotion),

… et plus particulièrement, dans le domaine des arts ce « quelque chose » est reconnu comme ayant une certaine valeur.

The Navigator, Buster Keaton, 1924

Points clés à prendre en compte pour la surprise:

• Surprise : Trouble et émotion provoqués par quelque chose d’inattendu.

« Il est beau de tenter des choses inouïes,
dût-on voir par l’effet ses volontés trahies. »

CORNEILLE, Sertorius, Acte IV, scène 2, 1662)

• La surprise est une émotion provoquée par une information ou un évènement inattendu, imprévisible ou mystérieux. De courte durée, elle s’estompe et quelquefois laisse la place à une autre émotion comme la peur, la colère, la frustration, la joie, la satisfaction d’avoir appris quelque chose de nouveau.

• La surprise révèle notre humanité : le détournement de nos désirs par la réalité (l’imprévu), l’exécution de nos illusions.

• Pour Montesquieu, qui définit le goût comme le moyen de mesurer l’âme, la surprise est l’un des éléments fondamentaux de celle-ci, avec l’ordre, la variété et les contrastes.

Cette disposition de l’âme, qui la porte toujours vers différents objets, fait qu’elle goule tous les plaisirs qui viennent de la surprise : sentiment qui plaît à l’âme par le spectacle et par la promptitude de l’action ; car elle aperçoit ou sent une chose qu’elle n’attend pas, ou d’une manière qu’elle n’attendait pas.
Une chose peut nous surprendre comme merveilleuse, mais aussi comme nouvelle, et encore comme inattendue ; et, dans ces derniers cas, le sentiment principal se lie à un sentiment accessoire, fondé sur ce que la chose est nouvelle ou inattendue. 

MONTESQUIEU, Essai sur le goût, 1757.

• Pour les Philosophes (Platon, Socrate) toute démarche de réflexion commence par la surprise. Toutefois celle-ci ne doit pas devenir une énigme ou s’arrêter à la simple admiration ; elle doit « murir » et devenir étonnement, c’est-à-dire une émotion générant un questionnement. La cause de l’étonnement est la conscience alors que la surprise est le résultat d’un évènement extérieur à la pensée. Voir HERSCH, Jeanne. L’étonnement philosophique, Gallimard, Folio Essais no 216, 1993.

• Pour l’art, au contraire, la surprise en soi est une fin et toutes ses facettes doivent être explorées. On parle alors de l’esthétique de l’altérité, de l’inquiétante étrangeté, du paradoxe… « L’enfant, écrit Baudelaire, voit tout en nouveauté, il est toujours ivre ». L’écrivain prétend que la candeur du regard enfantin doit être celle du poète.

Ce qui n’est pas légèrement difforme a l’air insensible ; d’où il suit que l’irrégularité, c’est-à-dire l’inattendu, la surprise, l’étonnement sont une partie essentielle et la caractéristique de la beauté. 

BAUDELAIRE, Journal intime, 1856.

Dimanche au musée, Honoré Daumier, Wikipedia Commons

Fontaine, Marcel Duchamp 1916

P. Longchamp

Musée des Beaux Arts de Lyon

Wikimedia Commons