La structure « en scènes » de récits : textes littéraires, journalistiques, scénarios cinéma, TV, bande dessinée
Une scène est narrative lorsqu’elle présente les actions en lien direct avec au moins un évènement. Elle peut aussi être descriptive (« scène d’exposition ») mais contenir des micros-évènement et/ou des points de tension narrative.
Outil narratif
Evènement
L’agent narrateur doit décider de la fréquence de chaque type de scène (narrative, descriptive, utile à la compréhension de l’intrigue, pas utile, etc.) Les scènes sont liées entre elles par des rapports de cohésion.
Facteur narratif
Cohésion
Une scène est précédée, et suivie, par des ellipses temporelles. Elle doit donc gérer ce qui n’a pas été exprimé précédemment, ce qui ne le sera pas par la suite.
Facteur narratif
Rétention
La longueur d’une scène participe à la vitesse d’un récit, les séquences (groupes de scènes) à son rythme et son tempo.
Facteur narratif
Vitesse
La structure en scène permet une distribution sélective des informations auprès des personnages. Ce qu’un protagoniste a appris dans une scène peut être ignoré par le protagoniste d’une autre scène.
Facteur narratif
Ironie dramatique
Définitions et considérations théoriques
• En français, le mot “scène” (scene ou stage en anglais) souffre de la même homonymie que le mot « histoire » (story ou history). Sa définition est sujette à la même polysémie anarchique, notamment en ce qui concerne sa différence avec la « séquence »… Il est donc nécessaire de préciser la manière dont ce terme est employé sur ce site.
• Alors que dans le langage courant, un « metteur en scène » dirige la transposition d’un texte (pièce de théâtre, scénario, canevas, livret, etc.) en un spectacle présenté à un public sur une scène ou sur l’écran d’un appareil argentique ou numérique, sur ce site, la « mise en scènes » réfère au découpage du récit en entités cohérentes.
• Il y a deux types de scènes :
1. Les scènes imposées par la logistique du médium de l’œuvre (les changements de décors ou de lieu de représentation au théâtre, le déplacement de l’équipe de tournage au cinéma, la structure visuelle d’une planche de bande dessinée, la volonté d’un éditeur de publier un roman « aéré », etc.)
2. Les scènes définies par une ou plusieurs actions située(s) dans un espace spécifique, délimité dans le temps, et constituant un moment signifiant de l’intrigue. Tout récit est ainsi une suite de scènes narratives, ou partiellement narratives, entrecoupées de discours non narratifs (descriptions, argumentations, commentaires divers, discours poétique-lyrique).
• Sur ce site, un groupe de scènes liées logiquement entre elles sont appelées séquences.
Exemple : Séquence d’un week-end à la campagne.
Scène 1 : Un couple dans une voiture…
Scène 2 : La voiture du couple se gare devant une auberge (nouveau décors, l’équipe technique du film a dû se redéployer après avoir tourné la scène 1. L’agent narrateur du texte peut décrire les abords de l’établissement ou toute autre pensée plus ou moins inspirée par l’action)
Scène 3 : A la réception de l’auberge, le couple reçoit une clé, monte les escaliers, arpente un couloir, ouvre une porte, découvre leur chambre. Plusieurs lieux (décors) mais l’agent narrateur choisit de rester dans la continuité d’une situation (l’arrivée à l’auberge). L’équipe technique doit tenir compte du choix narratif : la caméra doit suivre les personnages dans plusieurs lieux. Le texte décrit peut-être les décors, l’atmosphère, les comportements des personnages et/ou transmet les pensées de l’agent narrateur, etc.
Scène 4 : Plus tard dans la soirée, le couple mange au restaurant de l’auberge. Ellipse temporelle après la scène précédente. L’équipe de tournage a dû se redéployer et tenir compte de la différence de lumière, d’atmosphère sonore, etc.
Scène 5 : Dans la chambre, le couple se prépare pour la nuit… Ellipse temporelle. Nouveau déploiement pour l’équipe de tournage…
Fin de la séquence du film. Mais dans un texte, l’agent narrateur peut produire un discours non narratif, en rapport ou non avec la matière de la séquence précédente ou celle qui suit.
• Au théâtre, une scène est souvent marquée par le départ et/ou l’arrivée, dans le décor (« sur scène), d’un ou de plusieurs personnages.
• Le scénario (Cinéma, TV) en tant que document distribué à un large éventail de techniciens aux préoccupations diverses, annonce chaque scène au moyen d’un titre standardisé. Exemple :
INT. AUBERGE, RESTAURANT – JOUR
INT ou EXT. Pour choisir le décor et donner une idée des conditions de tournage que l’équipe technique devra affronter.
JOUR ou NUIT. La prise en compte de la lumière est une tâche délicate qui peut simplifier, compliquer, les conditions de tournage et influer considérablement sur le budget du film.
Variantes possibles :
INT/EXT : nous nous déplaçons d’un intérieur à un extérieur en cours de scène.
(SUITE), ajouté à la fin d’un titre de scène, indique que la même scène est coupée par une ellipse temporelle.
Spécificités de l’écriture scénaristique :
- Dans un scénario standardisé, la longueur sur papier d’une scène égale la longueur de la même scène sur l’écran, sur la base d’une moyenne d’une minute de projection par page de scénario.
- Les déictiques à indice spatio-temporel (aujourd’hui, hier, ici, là-bas) et à indice de monstration (cette, voici) sont proscrits dans les scénarios standardisés.
- Il ne faut pas oublier que la structure en scènes fait partie de la stratégie narrative de l’agent narrateur.
- Une scène est constituée d’un ou plusieurs plan(s). Un plan est une prise de vue sans interruption. Les caractéristiques et le nombre de plans dans une scène résultent des décisions prises par le·la metteur·se en scène, le·la monteur·se dans leurs rôles d’agent narrateur.
- Tout plan visuel peut signifier plusieurs choses en même temps. L’agent narrateur doit trouver le moyen (actions personnages, contexte, dialogue) de transmettre le sens qu’il·elle désire, ou assumer la possibilité que l’agent récepteur puisse assigner à un plan un sens qui n’est pas voulu.
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