Facteur sincérité
La sincérité, ou l’authenticité sont généralement définies comme une adéquation des intentions et sentiments réels avec les propos ou les actes.
Ce facteur, appliqué aux outils narratifs, sanctionne les intentions de l’agent narrateur : Dit-il·elle la vérité ? pense-t-il·elle vraiment ce qu’il·elle avance ? met-il·elle tout en œuvre pour nous transmettre son récit?
* Cet outil narratif (comparons-le à un marteau) utilisé dans certaines conditions (précision et force pour le marteau), permet d’obtenir certains résultats pratiques (planter un clou pour accrocher un tableau). Mais ce résultat est généralement au service d’une finalité plus significative (décorer, séduire un public, afficher des opinions, etc.) que nous appelons sur ce site fonction narrative.
Pacte d’adhésion
Pouvoir se projeter dans des possibilités imaginaires ou réelles.
»
Expérience cognitive
Améliorer notre compréhension du monde et de nous-mêmes.
»
Expérience émotionnelle
Eprouver et partager toutes sortes d’émotions.
»
Points clés:
-
La sincérité en art est une notion controversée
Elle convoque des concepts moraux, philosophiques et psychologiques, parfois contradictoires, partiaux, presque toujours subjectifs.
La sincérité est largement dépendante du paradigme de la vérité (envers les autres et envers soi-même).
-
L’agent narrateur est mis sur la sellette
La sincérité d’un agent narrateur est renforcée s’il ou elle admet ouvertement la possibilité que « sa » vérité puisse être subjective, ne pas être conforme à la réalité, partiellement révélée, ou faisant partie d’une réalité multiple.
La révélation d’une vérité impliquant de possibles conséquences négatives pour son agent narrateur, un risque, est un autre gage de sincérité.
La sincérité peut n’être qu’un moyen pour l’achèvement d’un objectif « supérieur » (par exemple le désir de pénitence spirituelle chez André Gide, son refus de se défendre).
-
Mais dans le domaine artistique, la notion de vérité ne concerne pas que le contenu, elle s’applique aussi à la forme (le style) et même à la personnalité de l’agent narrateur, laquelle se manifeste dans sa manière d’approcher son sujet et d’utiliser les outils narratifs
La personnalité de l’auteur·-rice-narrateur·rice, qui n’est pas le fruit d’un travail, donne sur le contenu et la forme un éclairage indispensable à leur attractivité.
La sincérité n’est donc pas seulement un état d’esprit du·de la créateur·rice mais également une éthique du choix et de l’utilisation des outils narratifs comparable aux valeurs associées à l’artisanat : économie de moyens, respect de la matière, élégance des procédés, rigueur, l’outil comme prolongement du corps, etc.
Le style, produit d’un travail, se situe quelque part entre la transparence (sincérité) et le maniérisme (artifice). mannerism (artifice).
-
L’agent narrateur peut être réticent·e à s’exprimer à travers son récit
Malgré les compétences de mise en récit, l’œuvre reste opaque et distante. Les capacités d’étonnement et de jouissance de son agent narrateur ne sont pas mises à contribution. Il n’y a pas « urgence » à raconter. Les idées sont lourdement tributaires des normes et conventions sociales, des injonctions parentales. L’agent narrateur n’a pas réussi à/voulu libérer son « enfant » créateur et la rencontre ne se fait pas avec notre propre « enfant ». Il n’y a pas permission de « jouer ». Un déficit d’adhésion est inévitable.
Pistes de réflexion et ressources
»
Posez votre question, participez à la discussion
»