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Transmettre l’opinion de l’agent narrateur en « sous-texte » d’un discours descriptif

Les termes en italique sont propres à ce site. Vous trouverez leurs définitions dans le glossaire.

Un discours indirect est une forme de discours descriptif (un agent décrit ce qu’un locuteur a dit) qui peut être chargé de « sous-texte ».

Le premier livre de la série Histoires napolitaines a pour sujet l’enfance et l’adolescence de deux protagonistes issues d’une banlieue prolétaire de Naples : Elena (« Lenù ») Greco, la bonne élève qui manque de confiance en soi, et la sauvageonne prodige Raffaella (« Lila ») Cerullo.

Au début de l’adolescence, Elena fréquente le collège pendant que Lila travaille avec son père et son frère dans la cordonnerie familiale. Très prise par son travail, Lila ne remplit plus le rôle de conseillère et de protectrice dont dépend Elena.

Un jour, Lila lui parle du projet qui lui tient à cœur, et qui est peut-être la raison de son éloignement : convaincre son père d’élargir les activités de la cordonnerie familiale à la création et la fabrication de chaussures de luxe.

Lila pense que c’est là la meilleure façon d’extirper sa famille de la pauvreté. Mais son père, Fernando, est convaincu du contraire. Elle parvient à faire basculer son frère Rino dans son camp. Leur père, un homme borné et autoritaire, ne veut pas entendre parler de ce projet qui remet en question son statut de mâle dominant.

Lila montre à Lila des croquis qu’elle a réalisé, une paire de chaussures au style sophistiqué, et aussi des comptes détaillant les frais à engager pour sa fabrication.

Dans le récit, L’agent narrateur rapporte, en discours indirect, les paroles que lui a adressées jadis Lila :

De sorte qu’elle voulait commencer avec une seule paire de chaussures, histoire de démontrer à son père qu’elles étaient belles et confortables ; puis, une fois Fernando convaincu, il faudrait se mettre à produire : deux paires de chaussures aujourd’hui, quatre demain, trente dans un mois, quatre cents dans un an, afin d’arriver sans trop attendre à fonder – elle, son père, Rino, sa mère et ses autres frères et sœurs – une usine de chaussure avec des machines et au moins cinquante ouvriers : Les chaussures Cerullo.

« Une usine de chaussures ?

Ouais. »

Elle m’en parla avec beaucoup de conviction, comme elle savait le faire… 

L’agent narrateur a indirectement décrit le discours de son amie d’une façon qui pourrait permettre à l’agent récepteur de comprendre l’opinion qu’Elena en avait à l’époque :

Le crescendo rapide de la description du projet de Lila (d’une paire de chaussures à une usine de cinquante ouvriers en quelques mois) semble indiquer que l’Elena d’autrefois, blessée d’avoir été « abandonnée » par son ami (ce projet était un obstacle pour elle), trouvait l’emballement de son amie exagéré et un tant soit peu irréaliste.

Les doutes d’Elena et son amertume transparaissent en « sous-texte » du discours rapporté.

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