« Assassinat du président Carnot. » Le Petit journal, supplément, 2 juillet 1894
Le facteur cohésion appliqué à la réaction qui suit un évènement (= une action dans le but d’atteindre un objectif) peut donner un sens particulier à cet évènement.
A Lyon, en 1894, alors que le président de la République Sadi Carnot quitte un banquet pour se rendre au théâtre (objectif), l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio lui assène un coup de poignard mortel (obstacle). Carnot est le premier président à mourir dans l’exercice de sa charge, le premier à être assassiné.
La présence de l’assassin n’est pas une coïncidence, mais le président (ou son service de sécurité) s’est mis dans une situation favorable aux desseins d’un antagoniste mal intentionné : un déplacement à ciel ouvert et à petite vitesse dans des rues étroites.
Parfois, derrière un évènement interpersonnel peut se cacher un évènement fonctionnel. Il est possible que le récit apporte son point de vue à ce sujet, ou tente de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre…
Le dessin publié dans le supplément hebdomadaire du Petit Journal ne représente pas le cœur de l’évènement central, à savoir l’assaut lui-même, mais l’action qui a suivi : trois officiels s’en prennent physiquement à l’assassin.
Cette image fait passer deux messages : 1. Le président Carnot a été assassiné. 2. Les personnalités de son entourage ont montré beaucoup de courage et de détermination (même le général en habit de parade y va de son coup de poing…)
Cette action est liée à l’évènement interpersonnel par l’application du facteur cohésion / inévitabilité. Lorsque le président est attaqué, son entourage ne peut que réagir héroïquement… nous « dit » cette image.